Samedi 13 mai

Le train de nuit nous dépose à Perpignan dans une ambiance matinale assez humide. Nous y retrouvons Carène arrivée par ses propres moyens puis filons joyeusement franchir la frontière ibérique. 2h30 plus tard, nous posons nos valises à Collbató où Trano nous attend en sirotant tranquillement son café. Les premiers reliefs de Montserrat se révèlent à nous !

 

Une fois les obligations nécessaires et ennuyeuses expédiées (récupération du logement, courses) nous filons le cœur léger vers les sites de couennes les plus proches – 20 minutes de marche. Bien malheureusement, le temps de se perdre puis de se localiser sur le topo, les premières gouttes viennent doucher nos ardeurs. Retour au gîte, la grimpe attendra demain…

 

Dimanche 14 mai

Après un copieux petit déjeuner, direction le marché de Collbato pour se ravitailler auprès des producteurs locaux. Les victuailles de la semaine composées de légumes frais, fruits de saison et délicieux fromages sont au rendez-vous.

Une journée couenne à la Palomera pour tâter le rocher se profile, avec en toile de fond le risque de grosses gouttes en fin de journée. Après une marche d’approche soutenue et (légèrement) paumatoire, nous profitons finalement avec délectations de ces fameuses parois de poudingue, une roche composée de galets. C’est seulement vers 16h qu’il commence à pleuvioter. Une partie du groupe rentre au gîte et en profite pour faire du tourisme à l’abbaye de Montserrat, tandis que le reste part à la recherche d’un site à proximité et à l’abri pour continuer à grimper. Hélas, une bonne saucée les surprend en pleine escalade, obligeant à battre en retraite et s’abriter, laissant les dégaines en place…

Profitant d’une éclaircie, le petit groupe songe à retourner au bercail, en laissant le matériel pour le récupérer le lendemain, la paroi rocheuse étant bien trempée. C’est sur le chemin qu’une idée lumineuse apparait : chercher les dégaines en tirant un rappel du haut de la falaise, depuis un arbre. Et ça marche ! Retour sains et saufs, sans abandonner de matériel ni personne !

 

Lundi 15 mai

Il s’était décidé la veille au soir d’explorer un secteur différent chaque jour afin de profiter au mieux de la diversité offerte par le massif. Ce lundi matin c’est donc aux Aiguillas que toute la troupe se dirige. La marche d’approche nous fait longer une falaise composée de pics accolés les uns aux autres. Tout le secteur est comme entouré d’une muraille avec quelques portes permettant de pénétrer dans celui-ci.

Une fois rentré par l’un de ces passages nous découvrons un site superbe qui porte bien son nom. Une profusion d’aiguilles minérales séparées les unes des autres par des petites vallées où serpentent des sentiers.

 

Le groupe se sépare bientôt, chaque binôme cherchant à rejoindre l’aiguille qui accueille la grande voie qu’il s’est choisie.

Jean-Hugues, Tristan, Nelly et Trano partent à l’assaut de l’auiguille Besson inferior, par la voie Aresta Brucs. Ils se feront quelques sueurs froides compte tenu de l’engagement requis et de l’état du matériel : la voie est en effet un petit musée de l’histoire des plaquettes. Une joile voie bien continue dans le plus pur style “galets” !

Ils seront rejoints par Gurvan et Louise qui ont pris un but dans leur projet du jour. Il n’y a pas seulement le matériel en place qui peut surprendre à Montserrat, gare également aux cotations.

Un bon spit se cache dans cette photo, saurez-vous le retrouver ?

 

Carène et Alexandre se dirigent vers le Pedestal del Martell afin d’enchainer la grande voie Jimmy Jazz avec Stéphanie, sur Saca Gran située derrière. Après quelques hésitations et plusieurs chemins très scabreux, le duo se retrouve au pied de la bonne aiguille. Mais après une douzaine d’aller-retour le long de la paroi et s’être assuré plusieurs fois d’être au bon endroit, il faut se rendre à l’évidence, pas moyen de trouver le départ. Pas un point en vue. Le temps filant et l’inspection du rocher devenant lassant, ils décident de se lancer directement dans Stéphanie, beaucoup plus simple à trouver.

Le départ se déroule bien même si le rocher est plus finaud que prévu. Dans la seconde longueur, Carène passe à côté de la ligne de point (plaquettes rouillées sur rocher brun) et se lance dans 20 m d’escalade libre assurée uniquement par un friends sous une écaille à mi-parcours. Même pas peur. Dans la troisième et dernière longueur, proche du sommet, une anomalie apparaît, un bon mètre sans plus aucune prise (du moins dans le niveau annoncé). Après plusieurs essais infructueux et finalement avec l’aide d’une pédale pour passer la zone sans accroche (prises cassées et détachées de la paroi ?) la sortie de la voie se réalise. L’arrivée de la GV se fait sur une sorte de petite terrasse privative (le sommet aplani des aiguilles) où toute la Catalogne se découvre au regard. L’on aperçoit également les autres binômes, eux aussi arrivés au sommet de leurs aiguilles.

Chacun son sommet

 

Après une rapide descente l’idée d’une autre petite grande voie se profile. Idée rapidement douchée par l’arrivée d’averses. Devant les rochers trempés, ils préfèrent retrouver les autres au refuge des Aiguillas situé non loin. La majorité du groupe profite alors d’une accalmie pour rentrer, à l’exception de Louise, Tristan et Trano qui préfèrent continuer à grimper encore un peu sur quelques couennes abritées de la pluie.

 

Mardi 16 mai

Aujourd’hui, toutes les cordées partent pour San Benêt. Chacun a repéré un projet de grande voie sur l’Elefant pour certains, la Momia pour d’autres.

L’approche est longue mais magnifique. Nous partons de la basilique de Montserrat et empruntons le chemin qui va nous mener au cœur du massif : 45 minutes de montée via un escalier aménagé. Nous passons par le refuge de San Benêt.

 D’ici, nous apercevons clairement l’Elefant et la Momia.

 

Nous poursuivons notre chemin. Alexandre et Tristan prennent la direction de la Momia pour grimper CESA.

Après avoir aperçu quelques points qui semblent correspondre à leur voie, ils s’engagent dans celle-ci. Il s’avère au final que le point aperçu à environ 14m de haut sur la paroi était bien le premier. Merci à l’arbre et à la racine qui ont permis de mettre des sangles en guise de point intermédiaire avant la traversée pour rejoindre le premier point.

Le reste de la longueur était également avare en protection (5 dégaines posées sur les 26m restant) et sur un rocher cassant (plusieurs grosses pierres décrochées pendant l’ascension). Une mise en jambes qui fait aussi bosser le moral.

S’ensuit une seconde longueur guère plus protégée mais beaucoup plus difficile (et avec des petits pièges dans les lignes de points). Une L3 plus simple mais du coup encore plus aérée niveau protection.

Arrivé en haut de la grande voie mais pas encore au sommet, la question de continuer se pose. 4 choix pour arriver sur l’acmé de la Momia. Deux voies très difficile, une voie dure et mal protégée avec risque de retour sur vire et une voie plus simple en renfougne mais sans protection. Ce sera finalement le choix de la redescente qui primera.

Le reste de la troupe se dirige pendant ce temps vers l’Elefant. Ils arrivent à l’ermitage de San Salvador, au pied du pachyderme.

 

Louise et Trano restent en face sud, tandis que Nelly et Carène se dirigent vers la face nord, à la recherche de la voie qu’elles ont repéré : El Muro. D’après le topo, l’approche n’est pas simple et elles vont vite le constater.

Elles suivent d’abord un chemin qui les mènent au col… mais qui semble s’y arrêter. Demi-tour, retour à l’ermitage et rechercher sur internet d’informations plus précises pour trouver l’accès. Nouvelle tentative en suivant le chemin vers le col où cette fois, elles trouvent l’accès qui permet de contourner l’Elefant. Un petit sentier bifurque alors vers la gauche et les amène au pied de la paroie. Victoire ? Pas encore… Là, il faudra quelques aller-retours le long de la falaise, pas mal d’observation pour repérer et identifier les quelques indices visibles sur les photos du topo avant de trouver de façon certaine le départ. Victoire ? Toujours pas. Car s’il n’y a aucun doute sur l’emplacement, impossible de trouver le premier point… Il faudra encore quelques minutes d’observation et de zoom avec les téléphones pour finalement, apercevoir une vieille plaquette marron à … 8 mètres de haut ! Et après avoir encore scruté la falaise, force est de constater que c’est le premier point.

S’ensuit une analyse précise du rocher, un peu “gras” car face nord, des prises de départ, pas forcément franches du collier, ou encore du sol et des arbres au pied pour jauger du risque de chute… Elles préfèrent finalement renoncer et reviennent face sud, où Louise et Trano sont arrivés en haut de leur voie et où Gurvann et Jean-Hugues sont partis à leur tour.

Nelly et Carène décident alors d’aller faire des couennes, sur le secteur de la Bimba. Les voici reparties sur les sentiers de San Benet, direction le refuge du même par lequel nous sommes passés à l’aller. Les paysages sont toujours aussi beaux… mais ne ressemblent pas à ceux que nous avons croisés le matin. Un petit coup d’œil à la carte, elles s’aperçoivent qu’elles sont parties à l’opposé ! Demi-tour, passage pour la 4ème fois par le col où Jean-Hugues et Gurvann arrivent à leur tour en haut de leur voie. Les voici cette fois sur le bon chemin et dans la bonne direction. Arrivées au refuge, elles suivent un chemin qui semble mener à la Bimba… Mais le sort s’acharne : alors qu’elles aperçoivent le site en contrebas, impossible de trouver l’accès pour s’y rendre. Recherche, et finalement abandon. Retour au refuge où Tristan et Alexandre piquent-niquent, après leur retour de la Momia.

De leur coté, Louise et Trano ont enchainé avec la Momietta.

Tristan, Nelly et Alexandre partent alors faire des couennes à Pranxa tandis que Carène, Jean-Hugues et Gurvann décident de redescendre à Monestrol de Montserrat pour visiter le musée et la basilique.

 

Mercredi 17 mai

Aujourd’hui, direction El Vermell del Xincarró et son site de couennes.

La marche d’approche est assez courte, le site facile à trouver, ce qui nous change des jours précédents.

Pour commencer, nous choisissons de nous échauffer dans un secteur tous niveaux. Alors que nous nous équipons, des pierres tombent de la falaise. Puis d’autres. Nous levons la tête et apercevons une petite tête de caprin qui nous observe d’en haut.

 

Voilà la clé du mystère ! Peu après, un petit caprin passera devant notre nez et remontera en quelques enjambées et sur la pointe des sabots le bout de falaise que nous nous apprêtons à grimper avec chaussons, cordes et dégaines, pour rejoindre maman caprin. Nous ne sommes pas tous égaux sur le caillou 🙂

Après ce petit échauffement, nous nous dirigeons vers un autre secteur, avec des voies plus longues, plus difficiles, qui offrent à tous un peu de challenge. Et ce sera payant pour plusieurs d’entre eux : Louise enchaîne sa première 7a+, voie que Trano enchaînera juste après, tandis que Carène sortira sa première 6c falaise (6c+, voire 7a selon les topos).

Jeudi 18 mai

Les tergiversations du mercredi soir avaient longuement duré… A quelle heure tomberait la pluie jeudi? Les gouttes allaient-elles s’augmenter d’éclairs orageux? Chaque information est soupesée mais oui, la réchappe est possible et encore oui, la voie semble conçue pour pouvoir tirer au clou. Dans ces conditions, la pluie n’impressionnera personne et six grimpeurs et grimpeuses se donnent rdv au sommet de la Cavall Bernat, magnifique aiguille dressée vers le ciel, emblème de Montserrat. Lever aux aurores pour un Louise et Tristan, qui ont jeté leur dévolu sur la face nord-est, gigantesque toboggan démarrant dans le III pour s’achever dans le 6c+. L’équipement concorde avec la difficulté : zéro point dans la première longueur, plus d’une vingtaine dans les 6c. L’itinéraire est splendide, la vue dégagée, le ressenti aérien. 

Et la convivialité culmine au sommet, où débarquent au même moment les deux autres cordées, arrivées par les deux longueurs de la voie normale.

Conformément aux prévisions météo, les nuages se sont amassés, assombris… mais ne percent toujours pas. C’est l’occasion de poursuivre la journée par une jolie randonnée menant au point culminant du massif avant une descente bien plus scabreuse que l‘ascension !

 

De leur coté, Carène et Alexandre décident d’aller tester les petites grandes voies à Collbatón, avec l’avantage d’être accessibles rapidement et à pied depuis le gîte.

Ils en enchaîneront deux, chacune marquée par une seconde longueur anecdotique mais avec à chaque fois, une très belle dernière longueur en 6. Dans la seconde, une 6a+ leur demandera pas mal d’énergie, la difficulté ne se cantonnant pas à un pas mais une bonne dizaine de mètres !

En haut des voies s’offre une jolie vue sur le village, et où on aperçoit même le gîte.

 

Vendredi 19 mai

Tout le groupe part faire de la couenne au Clot del Boixar car, encore une fois, de l’orage est annoncé pour la fin d’après-midi.

 

Le secteur étant plutôt difficile, tout le monde s’arrête d’abord sur les premières falaises, les plus abordables, pour s’échauffer. Après cela, le groupe se disperse vers les voies qu’ils avaient repérées la veille. Nelly et Alexandre partent rejoindre Louise, Jean-Hugues, Gurvann et Trano à l’aiguille Sipan où trois très belles voies à trous de 35 m se présentent à eux.

Nelly s’engage dans Ketama et réussit un superbe enchaînement. Alexandre tentent la même mais se fait surprendre à quelques mètres du sommet par l’orage, arrivé plus tôt que prévu. Obligé de faire une réchappe sous la pluie et de laisser 4 dégaines sur place qu’il faudra venir récupérer le lendemain.

Le reste du groupe s’est aussi fait surprendre. Carène en train de grimper en moulinette à du réchapper également. Tristan réussira à récupérer les dégaines grâce à une remontée sur corde athlétique.

Ils rejoignent, guidés par Louise, le reste du groupe qui s’était mis à l’abri pour manger.

La pluie continuant de tomber et l’orage de gronder, c’est déjà l’heure de retourner à l’appartement.

 

 

Pour une fois que tout le monde rentre tôt c’est l’occasion d’aller boire un verre au bar de Collbato avant le départ de Jean-Hugues et Gurvann pour Barcelone. Puis de faire une soirée jeux.

 

Samedi 20 mai

Pour cette dernière journée tous ensemble, nous retournons au secteur de la veille : certains ont des projets à terminer, d’autres des dégaines à récupérer sur le rocher, et de toute façon l’orage menace à nouveau dans l’après-midi, décourageant toute envie de grande voie. Au final, ce sera notamment une 7b enchaînée pour Trano et une 7a pour Louise !

Dimanche 21 mai

Après de derniers arpentages et achats de produits locaux au marché de Collbató, la moitié du groupe prendra le chemin du retour vers la mi-journée. L’autre moitié, moins pressée car ayant réservé des places dans le train de nuit, profitera de cette dernière journée pour, devinez quoi, grimper ! Ce seront les couennes d’Els Graus qui achèveront de nous fatiguer et nous apporteront nos dernières sensations, le sourire aux lèvres.

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Rappel des infos de la sortie

Nous vous proposons une sortie grimpe Cimes 19 du 13 au 21 mai 2023 à Montserrat (Espagne).

Voici une petite vidéo pour vous donner une idée : MONTSERRAT – ESCALADA EN GORRO FRIGI (SOUTHCLIMB) – YouTube

Il s’agit donc d’une sortie mixte : couenne & grandes voies, avec possibilité de faire du TA ou de la randonnée.

La sortie est ouverte à 8 grimpeurs, autonomes en couennes et grandes voies (voies de plusieurs longueurs).

Les détails pratiques :

  • Transport : à priori en train de nuit (départ le vendredi 12 au soir) de Paris jusque Perpignan où nous louerons deux voitures. Puis, environ 2h30 de trajet pour arriver à Montserrat.
  • Hébergement : dans une petite maison au pied du massif
  • Niveau : le site est assez exigeant, un niveau 6a minimum est requis pour avoir un peu de choix et de marge dans les grandes voies où l’équipement serait plus « aéré ». L’idée est de faire tourner les cordées chaque jour.
  • Pré-requis : autonome en couennes et autonome en grandes voies pour ceux qui veulent en faire (connaître les manips de corde relai/rappel et avec un peu d’expérience en GV = avoir fait plus d’une sortie GV)
  • Repas : en gestion libre, nous ferons les courses sur place et cuisinerons tous ensemble.
  • Budget : environ 450€/500€ la semaine. A minima une subvention du club est prévue pour cette sortie et nous réfléchissons à appliquer le prix libre.
  • Inscriptions : les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 31 janvier 2023 pour pouvoir acheter les billets de train rapidement après l’ouverture des ventes et bénéficier des meilleurs tarifs. Pour cela, remplissez ce formulaire : Sortie grimpe à Montserrat du 13 au 21 mai 2023
    A noter : si le nombre de place est rempli avant le 31 janvier, une liste d’attente sera mise en place et nous pourrons fermer le formulaire avant la date limite. Nous nous gardons aussi la possibilité d’équilibrer le groupe en terme de niveau/parité (donc ce ne sera pas forcément premier inscrit – premier servi).

Enfin, comme toutes les sorties, nous demanderons de l’aide aux participants pour nous aider à finaliser l’organisation (location de voiture, repas, prise de matériel, etc.)

Carène, Tristan et Trano