C’est à huit que nous nous retrouvons pour un séjour dans les Calanques à la Toussaint, échappant ce faisant à la grisaille parisienne. (Presque) Que du beau temps sur les six jours, dans un univers minéral interminable entouré de bleu !

Jeudi 

Nous partons à Sormiou, dans le secteur Archipel.

Gilles et François décident de faire de la couenne, le quatuor Alexandre, Michel, Christophe et Volker s’élancent dans « Panthère Rose » (4c+, 5b+, 5c+, 4b, 5c), Jimmy et Nelly vont dans « The Big Lebowski » (5b, 5b+, 4c, 5a), suivi de « Archipel » (5c, 5c, 6a, 5c) en triplette avec Gilles, alpagué au retour de la 1re voie.

Le trio aura mis presque autant de temps à trouver (et se mettre d’accord sur) l’attaque de la voie qu’à la grimper.

Alexandre et Volker terminent la journée avec quelques couennes.

Ci-contre : Jimmy dans Archipel, L1

Vendredi 

Les cordées se constituent par projet : une voiture grandes voies, composée de Jimmy, Alexandre, Gilles et Nelly, et l’autre 100% couennes, avec Michel, Christophe, Volker et François.

L’équipe grandes voies part pour la Calanque de Morgiou afin d’aller faire Prends moi sec au-dessus du lagon bleu (5b/6a/5c/6a), chaudement recommandée sur internet pour son cadre magnifique.

Espérant mettre toutes les chances de leur côté, les deux cordées s’accordent sur un départ à 8h.

Ci-contre : Gilles, Alexandre, Jimmy et Nelly en route pour le lagon bleu

La journée commence par la descente de la route de la calanque de Morgiou (déjà une petite aventure en soi, s’il y a de la circulation), puis départ à pied du port de la calanque.

Au début les chemins balisés sont faciles à suivre, mais arrivés au sommet du Cancéou, le petit sentier menant au secteur fut plus dur à trouver. Après plusieurs essais, ils finirent par tomber sur la bonne vire et la progression se poursuivit en corde tendue à 4, jusqu’à un premier rappel qui permit d’accéder au bon secteur.

Petite pause, avec la cordée qui les précédent, le temps que deux flèches finissent de descendre en rappel, avant de se diriger vers l’aven (une sorte de gouffre naturel), où se trouve la grande voie.

Quand ceux-ci finissent (enfin) leurs rappels, le quatuor descend à son tour les 60m pour arriver au fond de l’abîme, au niveau de la mer. Une fois en bas, une bonne et une mauvaise nouvelle se présentent à eux…

La bonne : le cadre est largement à la hauteur de l’attente. Cette grande voie porte bien son nom ! Au fond du gouffre, un petit lagon aux eaux turquoises, tout juste coupé de l’extérieur par un pan de la falaise, baigne la grotte d’une lumière bleutée.

Les longueurs quant à elles remontent en spirales le long du gouffre dans une escalade en 3D, que l’on ne croise pas souvent.

Ci-contre : La lumière au bout du tunnel

La mauvaise : les deux flèches ont eu la bonne idée d’attendre que tout le monde ait fini les rappels avant de se décider à grimper et prennent bien leurs temps pour se préparer. 12 personnes en tout prennent leurs tickets et leur mal en patience pour ressortir…

Au moins le lieu est agréable pour patienter, le lagon est magnifique, bien protégé de la chaleur. Nelly et Gilles ont largement le temps de tester l’eau et même le « psicobloc ».

Ci-contre : Nelly s’essaie au psychobloc

Des plongeurs venus du large sont passés faire coucou, après avoir jeté l’ancre de l’autre côté de la paroi. Entre temps, un trio mené par un guide descend à son tour. Voyant la file d’attente, le guide remonte sur la corde de rappel en grimpant à côté des voies, puis assure les deux autres depuis le haut.

L’attente, encore et toujours, les deux flèches n’ont vraiment pas l’air douées et n’avancent à rien, retardant tout le monde. Enfin, le groupe peut commencer à grimper, après avoir attendu quand même plus de 4h au bord du lagon !

Les 2 premières longueurs, bien esthétiques, sont tout en 3D, entourées par les parois du gouffre.

Ci-contre : Le lagon bleu vu du R2

La L3 est une traversée en boîte, puis en U avec un petit passage bien glissant au milieu. Fait inhabituel, au bout de la traversée l’on se retrouve seulement à quelques mètres de son assureur, de l’autre côté de l’aven.

Ci-contre : Une traversée originale

Le départ de la dernière longueur se fait dans une chatière, suivi d’une grimpe athlétique mais très prisue jusqu’au retour à la surface.

Ci-contre : Un dernier effort pour ressortir de l’aven

17h, une fois de nouveau à l’air libre (et à la chaleur), retour à la zone du premier rappel puis sortie grâce à la Voie de la cheminée du puit (5b/5c+/6a/5b/5b) qui a plusieurs réchappes. Soit en L1 qui arrive au niveau du premier rappel de l’aller. Soit L3 puis un sentier. Soit L5 avec une arrivée au somment du Cancéou.

Belle cheminée très étroite dans la L1, obligé d’enlever les sacs à dos puis de les faire passer avant ou après pour pouvoir s’extraire.

Excepté pour Nelly qui arrive à se faufiler sans soucis !

Ci-contre : Un mix escalade/spéléo

La nuit commence à tomber, Nelly et Jimmy décident de prendre la réchappe de la L1 tandis que Gilles et Alexandre tentent celle de la L3.

La L2 est un très beau dièdre avec des veines d’aragonite. La L3 est un rétas bien physique avec une mauvaise surprise à la fin. Il ne restait qu’une seule plaquette (mal vissée) en guise de relais (l’autre broche ayant été coupé). Ce qui fit perdre pas mal de temps entre la recherche d’un autre relais puis finalement, faute d’en trouver, le relais se fit sur la plaquette restante avec un cravatage de 2 becquets en sécurité.

. Au final, Gilles et Alexandre arrivent pile à la tombée de la nuit au sommet.

Ci-contre : Les calanques de nuit ça a son charme aussi

Dernière difficulté, le sentier pour revenir sur le chemin balisé qui fut bien compliqué à trouver, surtout à la frontale. Heureusement, Nelly et Jimmy ont croisé une cordée ayant pris le même chemin, ils ont ainsi pu transmettre les indications pour trouver la sortie. Le retour se fit donc à la frontale, mais sans plus d’incidents.

Samedi

Jimmy et Alexandre se lancent dans Promesse des profondeurs (5c/6a/5a/6a/6b/6b), avec son passage dans la magnifique cathédrale dantesque de la L4, du côté de Castelviel.

Pépito (5c, 6a, 5c) dans la Calanque de l’Oule pour Nelly et Gilles, impatient d’enchaîner sa 1re 6a en GV.

Ci-contre : Sur la route de la Gardiole

La marche d’approche est longue mais relativement facile à trouver.

Pépito aura valu 6h d’approche, comptant le casse-tête du refuge (repère) sans coordonnées géographiques, remontée improvisée sur corde, pléthores aller-retours, un rappel sur sangles autour d’un chêne, la Traversée des écureuils en baskets… 3 longueurs variées sur des équipements particulièrement espacés, mais rocher très bon.

Ci-contre : 1er rappel (normal), à la recherche de Pépito : le début de l’aventure

 

De leur côté, après s’être séparés de Gilles et Nelly juste avant En-Vau, Jimmy et Alexandre empruntent un passage en corde fixe (une vraie savonnette) dans la première longueur d’une autre grande voie pour arriver sur le plateau de la falaise.

Le rappel fut un peu plus long et compliqué à trouver. Merci à l’indication du topo qui indiquait le rappel à 10m d’un grand pin (environ trente arbres correspondant à cette description sur le plateau).

Les rappels se déroulent sans accrocs. Le dernier est un peu particulier. Pour éviter de tremper la corde, il se fait sur un seul brin et en clippant les points de la première longueur dans la paroi, pour se guider jusqu’à une petite plateforme surplombant la mer d’où se fera le départ.

Ci-contre : Départ au bord de l’eau dans un renfoncement de la falaise

La L1 est sympa, avec un passage en renfougne dans une cheminée où les sacs ont eu du mal à passer. Après avoir récupéré le brin qui a servi au rappel, la seconde longueur s’enchaine jusqu’à un boyau suivi d’une petite traversée. La longueur suivante passe dans un couloir menant au fond d’un renfoncement dans la falaise.

La L4 est majestueuse. On grimpe dans une sorte de cathédrale naturelle. L’escalade se fait en 3D, entre les parois et jusqu’en haut de la voute. Le relais est tout confort, dans une alcôve située derrière une stalactite, au point où la voute retrouve la falaise.

Le début de la L5 est bien ardu, car ressortir de la grotte demande un réta très physique. Heureusement, la suite est plus facile, le long d’une belle fissure jusqu’à une terrasse.

Ci-contre : Pas si simple de ressortir

Malheureusement, le choix d’un mauvais relais au départ de la dernière longueur entrainera un départ dans la dernière longueur de la voie d’à côté. Ne pouvant pas passer et se rendant compte de leur erreur, ils repartent finalement sur le bon itinéraire pour revenir enfin au sommet du plateau à la tombée du jour.

Ci-contre : Nouvelle arrivée de nuit en haut de la falaise

Le retour se fit à la frontale sur le même chemin qu’à l’aller (avec un petit rappel pour refranchir dans l’autre sens le passage en corde fixe), mais sans plus de problèmes.

 Retrouvailles des deux cordées à 21h00 au parking, au grand soulagement de tous.

Dimanche

Nelly, Michel, Christophe et Alexandre retournent à Sormiou pour aller faire Mélody (5c/5b+/5a/4b/4c/4b). Après être monté jusqu’au col, il faut franchir une boîte aux lettres très étroite.

Ci-contre : On se faxe dans cette boite aux lettres

Un passage équipé de corde fixe permet ensuite d’atteindre les rappels. Le premier débouche devant l’entrée d’une grotte et au départ de la L2.

Ci-contre : La grotte avec la fée Melody

Un second rappel permet d’arriver au départ de la grande voie, à 2m au-dessus des vagues. Sublime !

Ci-contre : Départ au ras des flots

La L1 est une belle grande dalle de 48m, pas très compliqué mais engageante (9 dégaines seulement).

Un coup de main de Christophe aura évité à la seconde cordée de tremper les brins dans la mer au rappel 🙂

La L2 commence à droite de la grotte, puis traverse au-dessus de celle-ci avant d’arriver de l’autre côté. Itinéraire original.

La grande voie se poursuit par une jolie dalle inclinée très fracturée et prisue. Là encore l’espacement est conséquent (5 à 6m entre points).

Les trois dernières longueurs sont de belles dalles, avec des petits passages de dièdre et de traversée.

Une bien jolie Mélody qui alterne mélodieusement des styles de grimpe variés, le tout dans un cadre magnifique.

Ci-contre : Nelly, Alexandre, Christophe et Michel profitant de l’arrivée au sommet (de jour pour une fois)

 

Lundi

Journée couennes dans le secteur Prado, compte tenu de la météo matinale mitigée et en vue du retour à Paris en soirée. Histoire de terminer le séjour comme il a commencé, au soleil, sur le rocher, la mer à côté !

Merci aux organisateurs, et au groupe, ce fut très chouette !


Calanques by François

Les Calanques : Un petit bout de terre sauvage et totalement préservée, entre mer et montagne avec du dénivelé plutôt raide (on passe de 0 à 400m en pas grand chose), des cols et des fonds de vallons où l’on peut facilement se perdre, du caillou glissant, une végétation fournie et bien piquante, à peine à 10 km de la grande ville de Marseille. Incroyable et merveilleux, inimaginable !

Et bien entendu, le paradis des grimpeurs. J’y suis allé au moins 10 fois, rarement je suis retourné sur un secteur et il m’en reste tant d’autres à découvrir.

Ce début novembre, la météo était de rêve, un soleil légèrement voilé, 20° à 25° tous les jours, t-shirts et crème solaire de rigueur.

Un AirBnB commode en plein centre-ville, à 2 pas du stade Vélodrome, stratégiquement situé contrairement aux apparences. Le quartier du Prado n’est pas très typique (grandes artères rectilignes, buildings modernes) mais qu’importe ! On n’était pas là pour faire du tourisme. Nos 2 véhicules ont trouvé sans peine un stationnement chaque jour et on n’a même pas profité de notre rooftop privatif.

Chaque soir les estomacs étaient ravis par des menus gastronomiques, dévorés avec un appétit que des apéros pantagruéliques et des hectolitres de bière n’avaient pas entamé.

Chaque jour, les matinaux se levaient à l’aube et entamaient leur projet du jour, parfois sans croiser l’équipe n°2 qui se levait plus tard  (je précise que ce n’était pas tous les jours les mêmes)

Et la grimpe ? me direz vous

Perso je préfère la couenne, je n’ai pas honte de le dire, la GV me fatigue souvent d’avance. J’en fais bien sûr ! et avec plaisir, mais une seule dans la semaine me suffit.

Pour le coup, ce fut une 4 longueurs en 5c, sympa sans plus, dont l’intérêt principal selon moi a été l’approche et la redescente. Au départ de Callelongue, un sentier qui monte au sémaphore nous a amenés au col de la Galinette, 1h de rando splendide et méconnue. Nous sommes donc passés derrière les sommets des Goudes : St Michel d’eau douce, les Lames, les Goudes, vus côté mer. C’est sauvage, isolé (en cette saison), magnifique ! La petite calanque de Marseilleveyre en contrebas, inaccessible autrement qu’à pied ou en bateau, est parait-il très fréquentée en saison. On a du mal à y croire tant l’impression d’isolement est grande.

Une fois en haut sur la Tête de la Mounine, après une jolie dernière longueur dans l’aragonite cristalline, notre fin limier Volker nous a guidé grâce à son instinct et son expérience à travers broussailles et pierriers jusqu’à un chemin de redescente. Encore des paysages splendides et des équipements improbables comme cette main courante en fer forgé, qu’on croirait du 19ème siècle.

Un petit GR charmant et casse-gueule à force d’être patiné nous ramenait en fin de journée en longeant la côte. Il mène jusqu’à Cassis paraît il, à faire, un jour en rando, sans hésiter.

Comme dit plus haut, ce séjour fut l’occasion de découvertes généralement heureuses de nouveaux sites de couenne : à Sormiou, le Pouce et surtout le Majeur, juste derriere, en accès un peu acrobatique. C’est de la dalle sur du rocher compact et adhérent. Je recommande tout autant le Méandre de Malvallon, très beau rocher aussi et ballade à faire. Sur Mogiou, le petit site du Prado était du même acabit, en dalle plutôt adhérente. Plus patinés mais intéressants tout de même ont été   l’Escalier des Géants, au pied des Goudes, à l’altitude de la mer mais caché dans les vallons, encore des paysages incroyables. Pour finir, le secteur Pastré à Marseilleveyre, loin de la mer, à l’ombre, patiné,  des challenges intéressants et une vue sur la ville à couper le souffle.

Voilà quelques images qui me sont resté de ce séjour à Marseille. Vivement le prochain 🙂